Gustave Poetzsch

1870 – 1950

Fils d’un doreur sur bois originaire de Silésie, Gustave Poetzsch naquit en 1870 à Neuchâtel, sur les rives du lac éponyme. Il entreprit très jeune une formation artistique en Suisse – les lacs et les montagnes lui fournirent une source d’inspiration inépuisable. En 1892, Poetzsch quitta son pays natal pour Paris, où il rejoignit l’Académie Julian, avant d’intégrer deux ans plus tard l’École des Beaux-Arts. Après un passage dans l’atelier de Luc-Olivier Merson, il fut accueilli chez Gustave Moreau où il côtoya Matisse, Camoin ou encore Paul de Frick, qui devint son ami.
Poetzsch fut séduit par la vie parisienne de la Belle-Époque. Grâce à Marie-Louise Aulagne, chapelière alors en vogue qui devint sa femme en 1896, l’artiste fut admis dans la bonne société. Son pinceau détailla l’élégance des clientes de son épouse, depuis Bagatelle et les quais de Seine jusqu’aux plages de Deauville, lieu de villégiature par excellence de cet entourage raffiné. La maison de la famille à Yssingeaux, en Haute-Loire, se révéla également un lieu de création privilégié pour Poetzsch, qui y dépeignit les activités de ses deux filles autant que le travail des dentelières ou les paysages alentours.

Avant tout peintre de paysage, Poetzsch demeura toute sa vie marqué par les perspectives de son enfance, source d’inspiration à laquelle il aimait revenir. Lac Léman, crépuscule, illustre ainsi ses talents de paysagiste. L’artiste y livre une vision sereine du lac à la tombée du jour, dans un camaïeu de tons modulés du gris bleuté au lilas, relevé d’ocre jaune, qui confère à la scène cette lumière caractéristique du Léman, entre eau et montagne. Quelques embarcations de pêcheurs s’y étirent, deux barques à voiles latines rompent l’horizontalité, touches de blanc en écho au sommet enneigé qu’un dernier rayon de soleil illumine au loin.